Le territoire du domaine de chasse Lembo est situé au nord du Parc naturel "La forêt des Vepses".
Le peuple des Vepses (vepsad, veps) a ses origines dans l’une des petites tribus finno-ougriennes — celle du nom de Ves’, venue dans les premiers siècles après J.C. sur ce qu’on appelle Méjoziorié : la terre entre les lacs Onéga, Ladoga et Béloïe.
Les Vepses paraissent pour la première fois dans les sources littéraires grâce à l’historien gothique Jordan au VIe siècle qui les cite parmi les tribus du Nord européen sous le nom de Ves’. Aux IXe et Xe, les Vepses sont connus comme Ves’, Tchoukhari, Kaïvany, plus tard — Tchoudes. Dans les chroniques russes, Ves’ est mentionné en 859 et 862 dans la liste des tribus qui d’abord se sont affirmé conjointement contre les Normands, puis les ont appelés à la paix. En 882, Ves’ est mentionné dans la "Chronique des temps passés" (la plus ancienne chronique slave orientale) comme participant à la campagne du prince Oleg à Smolensk, Ljubech et Kiev. Puis, la tribu n’est plus mentionné dans les chroniques russes sous ce nom, ce qu’on associe à l’autre nom de ce peuple, Tchoudes, qui se répand pour éviter toute confusion avec le mot slave ves’ qui a le sens de "village". Dans la littérature russe pré-octobre 1917 les Vepses sont connus donc sous le nom de Tchoudes. Autrement, les Vepses ont été désignés comme Bepsïa, Veps’, Vepsïa (les Vepses du sud et du milieu), Ludinikade, Tïagalajète (ceux du nord). Dans le langage de tous les jours, les russes ont appelé les Vepses ainsi : Tchoukhari, Kaïvany. Sur le territoire du parc actuel, le mot "Tchoukhar" restait l’auto-désignation des Vepses jusqu’aux années 1930.
Les ancêtres des Vepses, connus des chroniques comme Tchoudes et Ves’, formaient avec la Rus’ l’alliance tribale qui est devenue la base de l’État russe. Ils ont participé aux campagnes militaires lointaines avec la Rus’. Cette dernière et la Ves’ ont embrassé christianisme simultanément. L’un des saints les plus vénérés de l’Église orthodoxe, Alexandre Svirsky, était un Tchoude, un Vepse de la rivière Oïat.
Au Moyen Age, cette terre appartenait à la ville de Novgorod la Grande et faisait partie de la pyatina (la "cinquième") Obonejskaïa. Les colons de Novgorod sont installés sur la rivière Oïat au XIIe siècle. L’invasion des Mongols n’a pas affecté cette région, comme ils se sont arrêtés plus au sud près de Béjetsk. En 1491, la terre d’Oïat est passée à Moscou après la défaite de Novgorod sur la rivière Chélon. Au début du XVIIe, en ces temps troublés, les envahisseurs — les Suédois et les Lithuaniens — passent par la région (les Suédois prennent Tikhvine en 1611, les Lithuaniens prennent Vologda en 1608). Aux côtés des russes, les Tchoudes ont rendu une résistance farouche à l’ennemi. Ont dit que les étrangers traitaient mal les locaux : selon les légendes, les Lithuaniens enfouissaient les Tchoudes encore vivants dans le sol.
À l’époque de Pierre le Grand, la Russie fut divisé en provinces. Le territoire du Parc appartenait pendant quelques années à la province de Saint-Pétersbourg, puis à celle de Novgorod. En 1776, la lieutenance de Novgorod a été divisée en deux régions: de Novgorod et d’Olonets, puis chaque région est devenue une province. La partie nord du parc a été inclus dans la province d’Olonets, et la partie sud dans celle de Novgorod. En 1796, la province d’Olonets a été abolie, et sa terre passa à la province de Novgorod. En 1801, l’ancienne division a été restaurée.
À 1848, la Russie comptait 15,6 mille Vepses. L’époque du servage touchait à sa fin, mais dans la partie supérieure du territoire des Vepses d’Oïat aucun propriétaire foncier n’était présent. Les propriétés foncières dans le Parc n’existaient que dans l’ancien district de Tikhvine de la province de Novgorod.
Au début du XXe, seules quelques 25 mille personnes ont resté du peuple des Vepses connu des chroniques, vivant dans les comtés limitrophes des provinces d’Olonets et de Novgorod.
Selon la structure administrative pré-octobre 1917, le territoire du Parc actuel comportait des terres des volostes (communes) de Peldouchi, de Loukinskaïa et de Krasny Bor du district de Tikhvine de la province de Novgorod et celles de la volost de Vinnitsy du district de Lodeïnoïe Polé de la province d’Olonets.
Après la révolution de 1917, il y a eu des changements importants dans la vie des Vepses. Le pouvoir soviétique a été instauré dans les villages vepses où le président du conseil rural a remplacé le staroste ("aîné") de village. La structure territoriale a de nouveau été beaucoup changée. En 1918, le district de Tikhvine a été remis à la province de Tchérépovets.
Dans les années 1920 et 1930, le nouveau pays s’est intéressé par les problèmes des peuples autochtones et de leurs langues. Expéditions ethnographiques ont été organisées dans la terre des Vepses, quelques études sur la culture vepse sont apparues. En 1926, il y avait 32,8 mille Vepses dans le pays. En 1927, la région de Leningrad a été fondée, couvrant ente autres le Parc entier qui s’est retrouvé partagé entre le district Kapchinnsky et celui de Vinnitsy. Le dernier a reçu le statut de district national des Vepses. Le conseil rural national de Korvala a été formé dans le district Kapchinnsky.
En 1930, le Département des nationalités du Comité exécutif central de l’URSS a décidé de créer le langage écrit vepse basé sur l’alphabet latin. Ainsi, dans les années 1930, les Vepses ont reçu leur écriture. Un abécédaire fut préparé, suivi par des manuels en langue vepse pour des diverses disciplines; des enseignants ont été formés pour des écoles vepses.
La première phase de la renaissance nationale fut de courte durée. En 1937, les districts vepses et les conseils ruraux ont perdu le statut national, l’intelligentsia et les paysans les plus alphabétisés ont été réprimés, toute la littérature en vepse détruite. La partie de la région de Léningrad habitée par les Vepses a été transférée à la région de Vologda.
Pendant la Deuxième guerre mondiale, le territoire du Parc actuel était situé dans la zone frontale. Le 9 novembre 1941, les troupes allemandes ont occupé la ville de Tikhvine. Plus tôt, les divisions finlandaises ont atteint la rivière Svir. Les plans futurs de l’ordre de Hitler étaient de faire un coup de Tikhvine vers la Svir pur une connexion avec les finlandais pour créer un double anneau du blocus de Léningrad. La direction prévue de l’attaque passait juste à travers les terres des Vepses d’Oïat. Mais les troupes fascistes n’ont pas pu réaliser cela.
La transformation majeure suivante des limites administratives a eu lieu après la guerre. La région de Novgorod a paru sur la carte, et celle de Léningrad a été divisée en districts de nouveau. Les districts de Vinnitsy et Kapchinnsky ont été supprimés. Maintenant, le parc couvre pas moins de quatre districts de la région. La partie nord du parc, y compris les terres près d’Oïat, appartiennent actuellement au district de Podporojie de la région de Leningrad. Le sud du Parc appartient au district de Tikhvine, les alentours du village de Korvala font désormais partie du district Boxitogorsky. Les terres inhabitées à l’ouest du Parc sont inclues dans la région de Léningrad.
Ce qui était autrefois une seule grande zone habitée par les Vepses est maintenant considérablement réduit et désuni entre les régions de Léningrad et de Vologda et la République de Carélie. Dans les années 1960 (la période de la "iquidation des villages défavorisés"), de nombreux villages vepses ont subi la réinstallation. Maintenant, dans une zone où existaient jadis quelque 150 communes, on ne compte que 32 villages sur la carte.
Beaucoup de noms locaux viennent des particularités de paysage. Ainsi, les noms des lacs et du cimetière Miagozéro viennent du vepse [mag] = montagne, colline. En effet, près des lacs Miagozéro, il y a une colline haute de 233,6 m. Les noms des deux lacs Sarozéro (l’un au sud du lac Pétchiovskoïe, l’autre au sud du lac Ïandozéro) sont associés au mot vepse [sar] = île, et disent que ces masses d’eau ont des îles. D’autres noms similaires tels que Sarozéro le Profond, Sarozéro le Peu Profond, Sarozéro à l’est du lac Kapchozéro, Sarroutcheï ont probablement une étymologie différente, comme les objets énumérés n’ont actuellement pas d’îles. Donc, Sarroutcheï qui et l’affluent de droite de la rivière Kourba la Supérieure a apparemment obtenu son nom du vepse [sara] = fourchette, ruisseau à deux sources. Salmozéro a ces origines dans le vepse [salim] = détroit. Le nom du village Selga (actuellement Niourgovitchi) est dérivé de [selg] = crête; ce village se trouve vraiment sur une colline. Le lac Matkozéro doit son nom au vepse [matk] = route ; une voie de transport est probablement passée ici autrefois.
Korbozéro, Korbroutcheï remontent au vepse [korb] = forêt dense, fin fond de la forêt. Il est également possible que ces noms sont liés au mot vepse [korba] ou au finnois [korpi] qui signifient "terre basse couverte de sapins". Le lac et la rivière Miargotch remontent au vepse [ma’rg] = humide.
Les noms des rivières Vadojka et Vadjéga viennent du [lvadag] = terre basse, marécageuse. C’est probable que la racine "vadag" de ces noms de rivières signifie "prairie humide", comme dans Obonéjie le mot "vadega" signifiait de telles prairies. Le nom Ladvozéro, de [ladv] = cours supérieur de la rivière, reflète le fait d’être dans la partie supérieure de la rivière Oyat. Ligoïarvi et Ligozéro doivent leur origine au mot [ligo] = être trempé.
A. Kouznetsov a échafaudé l’hypothèse que le nom Ligozéro est relié à l’autre sens du mot [ligo] = motchilo, un lieu dans un lac ou une rivière à tremper du lin ou du chanvre. Soozéro peut être traduit du vepse comme lac marécageux ([soo] = marais). Cependant, sur la carte du 1847, ce lac est aussi appelé Solozéro, ce qui a la racine [sol] = sel.
Certains noms de lieux reflètent la végétation, les espèces les plus communes d’arbres, de graminées, etc. Ainsi, les alentours du lac Garbozéro abondait apparemment autrefois de canneberges ([garbol] = cranberry). La même racine plus un suffixe russe forment le nom de la rivière s’écoulant de Garbozéro — Garbochka. Le nom Mourmozéro peut être lié au vepse [murm] = chicouté, bien que, probablement, il avait une étymologie différente. Au XIXe et au début du XXe, le lac a été appelé Nourmozero, puis ce nom a été transformé en Mourmozéro et même Mouromozéro: les noms plus familiers à l’oreille russe. Le nom du village disparu Koulyguina (sur la rivière Ouria) vient du mot "koulyga" utilisé par des russes de la province d’Olonets signifiant "mauvaise herbe". Une racine similaire dans le sens et la prononciation [kulo] (herbe de l’an dernier) existe en finnois. Les noms des lacs Koïozéro Koïbozéro proviennent de [koiv] = bouleau. Le nom Viakhkozéro est probablement lié au vepse [vehk] = trifolium d’eau. Les noms des lacs Kanjozéro le Grand et le Petit, ainsi que celui de la rivière Kanjaïa remontent au vepse [kangaz] = forêt de pins. En effet, sur la rive nord de Kanjozéro le Grand il y a toujours une forêt de pins entouré par des sapins. L’étymologie pareille est partagée par les lacs Kangozéro le Grand et le Petit.
Un certain nombre de noms reflète l’aspect, la forme, les particularités des objets hydrographiques, leur arrangement mutuel. Le nom Moustozéro est associé au mot [must] = noir, il nous raconte la couleur des eaux de ce lac à fond de tourbe. Le nom de la rivière Kapcha est peut-être dérivé de [kaps] = patte. Le lac Kivozéro et la rivière Kivoïa ([kivi] = pierre) sont nommé ainsi apparemment en raison de l’abondance de pierres (fond rocheux ou rochers détachés en saillie de l’eau). Au XIXe, on appelait Kivozéro différemment : Kovéroïarvi du vepse [kover] = en courbe, reflétant la forme du lac. Le ruisseau Bémboïa devait ressembler à un arc ([bembel] = arc). Le nom Pitkozéro vient de [pit’k] = long, et se réfère à un lac de forme allongée ; la rivière Pitkoya est également "une longue rivière". Il est intéressant de noter que tous les autres lacs similaires dans la région ont le nom russe Dolgoïé (long). Oïozéro vient du vepse [oja] = ruisseau. I. Mullonen considère que le nom de la rivière Guénouïa est formé du vepse [ena] = grand.
Les Vepses appellent cette rivière [Enoja]. L’émergence de "g" au début du mot provient selon Mullonen des particularités de langage vepse : instabilité de "e" et tendance à augmentation de "j" au début de mot. L’écrivain vepse V. Poulkine explique ce nom en russe comme "pas un ruisseau". Cette deuxième explication est plus plausible, comme Guénouïa est effectivement une petite rivière mais pas un ruisseau. Une autre version de l’origine de ce nom est proposée par le poète vepse N. Abramov qui se fondait sur les pêcheurs locaux appelant la rivière Kheïnoïa (ruisseau des herbes).
Certains lacs ont gagné parmi les Vepses la notoriété qui se reflète dans leurs noms. Kholtozéro le Petit se traduit littéralement du vepse comme "lac agité", de [hol’lt] = soucis, préoccupation. Akhtozéro nom (Akhtouzéro au XIXe) est lié au vepse [aht] = étriqué. Koubozéro à la source de la rivière Ouria peut être traduit du vepse comme "mauvais lac" et remonte au mot [huba] = mauvais.
Les lacs Ourozéro et Alozéro, liés entre eux, se traduisent comme le Supérieur (ula = haut) et l’Inférieur (ala = bas). De la même racine [ula] provient le nom de la rivière Oulianitsa; l’explication de ce nom confirme aussi la hypothèse des hydrologues qu’Oulianitsa est la source de Pacha. Pialozéro parle aussi de la position relative du lac: [pal] signifie "au-dessus " en vepse. Un village du même nom, Pialozioro, était une fois situé sur la rive nord-est du lac. Il y a des noms de lieux qui reflètent la répartition spécifique des anciens habitants du territoire. Ainsi, les noms de la rivière Pertoïa et du lac Pertozéro viennent du vepse [pert] = maison, hutte. L’hydronyme Pertozéro apparaît à plusieurs reprises sur la carte du Parc. Dans les temps anciens, les gens aimaient de se loger dans la solitude sur les rives de lacs : des cabines simples apparaissaient d’abord, qui donnait alors le nom aux plusieurs lacs. Le nom du lac Kodozéro et celui du ruisseau Kodyï s’en écoulant viennent du vepse [kod] = maison, logement.
Certains noms sont associés à la famille et les relations sociales. Le ruisseau Dédoïa signifie "ruisseau de grand-père" ([ded] = grand-père). Le nom du village Niourgovitchi peut être lié au mot [mirk] = poing, comme ici pourrait vivre des paysans fortuné qu’on appelait " koulaki "," les poings en Russie du début du XXe. Apparemment, ceci est aussi à la genèse du nom de lac Ïourgozéro qui se trouve sur une carte de 1915 nommé Niourkozéro, bien que plus tôt — en 1847 — le lac s’appelait aussi Ïourgozéro. La consonne "n" dans ce mot est donc mobile. Selon une hypothèse de Kouznetsov, le nom du ruisseau Byk-routcheï vient de [viik] = frère aîné, mari de sœur aînée ; cependant, ce ruisseau est appelé Bytchy sur la carte de 1847 c.a.d. comme un dérivé du mot russe "taureau".
Le nom du village Ozadkine Konéts se traduit par un lieu heureux comme [ozad] signifie le bonheur au génitif dans la langue vepse. Les noms Tchourroutcheï, Tchourporog peuvent bien venir du russe " tchour " = bord, frontière ou du vepse [cura] = bord. C’est probable qu’autrefois, une frontière d’essaimage passait ici.
Certains noms sont formés à partir des noms de personnes. Toïvozéro et Toïvroutcheï sont probablement liés au nom de certain Toivo (fin.) ou Toïvoï (vepse), une fois vivant ici. Bien qu’on puisse avoir une autre explication pour ce nom du lieu : du mot [toiv] = espoir. Le nom du village de Kikovitchi (Kikoil) est considérée comme venant du prénom vepse Kikoi, remontant au celui de Cyril. On croit que le nom du lac Lérinnskoïé remonte à l’anthroponyme vepse Jera, lui remontant à son tour au prénom russe Ïera, dérivé du prénom complet Ïeroféi. Strictement parlant, l’hydronyme Lérinnskoïé est paru sur les cartes à l’époque soviétique. Sur le plan de l’état-major général en 1915, il est désigné comme le lac Koukkozéro. Miklozéro est dérivé du prénom Mikola (Mikoi en vepse). Un petit lac près du village Fennkovo sur la carte du 1847 est appelé Ïeriomino du prénom russe Ïerioma.
Il y a des noms qui ont surgi des surnoms de personnes, en particulier associés à l’apparence d’une personne. Pensez à Kargozéro dérivant du surnom finlandais Karhia (personne ayant les cheveux ou la barbe durs). Le nom du village de Korvala (Korvoil) remonte au vepse [korv] = oreille, et le surnom Korvoi. La même racine [korv] est présente, paraît-il, dans les noms du lac Korvozéro et le marais Korvoziorskoïé.
Certains noms sont associés à la chasse et aux noms des oiseaux et d’animaux de la région. Par exemple, Kondozéro devrait venir de la racine [kond] = ours. Bien qu’I. Mullonen cite un autre sens de cette racine : cours de paysan avec une parcelle de terrain. Le ruisseau Kïargoïa vient du vepse [karg] = pic noir; cela se peut qu’une fois existait le surnom Kargoi. À Kimesroutchié, des zones de lek des coqs de bruyère devaient autrefois exister ([kim] = lek). Le lac Kharaguinnskoïé et le village adjacent de Kharaguénitchi viennent du vepse [harag] = pie. On croit que le mot vepse Harag était autrefois un surnom, avec un nom de famille de la rue formé de façon similaire au russe Sorokine (de " soroka " = pie). De ce surnom vient probablement le nom du village. C’est aussi à un surnom dérivé du nom d’un oiseau qu’on associe l’ancien nom du village de Ilynskaïa, celui de Ïoubénitchi (Huibjoil en vepse, de [hubj] = hibou). Le nom du village Riebov Koniéts cache le nom ancien vepse Reboi (renard). Le village Kokovitchi vient de l’ancien nom finno-balte Kokoi, signifiant un aigle. Légmozéro le Supérieur vient de [lehm] = vache. C’est aussi possible que ce nom est lié à des rites de lavage de bétail dans des lacs "pour qu’il soit en bonne santé", populaires chez les Vepses. Le marais Tédriévo et la rivière Tédriya formé viennent du vepse [tedr] = tétras.
Le village disparu de Mochnikova Gora doit son nom au coq de bruyère (mochnik est un nom local de l’oiseau). Au début, le village a reçu un nom vepse de Métsoïmiagui, puis le nom a été littéralement traduit en russe.
Un groupe de noms assez grand est associé aux occupations de la population locale. En particulier, un certain nombre de noms vepses dans le Parc est venu de la pêche. Ainsi, Siargozéro provient de [sarg] = gardon, Lakhnozero de [lahn] = brème, et Gaougozéro de [hauk] = brochet. Lémozéro se traduit du vepse comme "lac de soupe de poissons", de la racine [lem]. Une rivière qui coule de Kourbozéro à la frontière sud-est du Parc se nommait jadis Kola, du vepse [kola] = poisson.
Les noms de lacs parlent de l’agriculture chez les Vepses. Jusque dans les années 1920, ils utilisaient la culture sur brûlis. Ainsi ont paru les noms du ruisseau Palroutcheï et des marais Palboloto le Grand et le Petit : du vepse [palo] = brûlis. Le nom du village Sarka est éventuellement associé au mot [sarg] = bande de terre cultivée appartenant à la même famille. Rigozéro rappelle le vepse [rig] = grange.
Kaskozéro, Kaskroutcheï viennent du vepse [kask] = terre débarrassée des plantes; Kheïnozéro de [hem] = herbe, foin — c’est probable qu’il y avaient des prés à côté du lac. Kopsozéro est probablement lié au mot [kop] = fosse pour stocker des pommes de terre et les navets en hiver, bien que nous ne pouvons pas exclure le fait que sur le fond du lac pourraient bien être des trous (en langage vepse moderne [kop] = trou).
Les noms peuvent dire sur les céréales et légumes cultivées il y a des siècles. Par exemple, le nom du village Ozrovitchi (Ozroil) remonte au vepse [ozr] = orge. Mullonen croit que ce nom et un anthroponyme et dérive de l’ancien prénom Ozroi, également dérivé de [ozr]. Kapoustozéro remonte probablement au vepse [pust] = une terre en friche.
En dehors de l’agriculture, la chasse et la pêche, les Vepses avaient bien d’autres occupations. Ceci est démontré, par exemple, par le nom d’un ruisseau sur la rive ouest du lac Petchiovskoïé : Siepoï, du vepse [sep] = forgeron. Le ruisseau Melnitchny ("de moulin") coule dans la rivière Medvejka. Le mot vepse pour un moulin [mellic] se ressemble au mot russe, c’est donc probable qu’il a été emprunté à la langue russe.
Il y a des noms associés à des croyances et coutumes traditionnelles des Vepses. Le ruisseau Noïdoïa et le village Noïdala viennent du vepse [noid] = sorcier, le village Rakhkovitchi de [rahkoi] = créature mythologique, esprit de la maison. Kargozéro a la racine [karg] = danse; peut-être que les Vepses des villages environnants se rassemblaient ici jadis pour faire la fête.
Les hydronymes du Parc naturel montrent comment les noms vepses changeaient progressivement. D’abord, tous les lacs s’appelaient en vepse ou en saami, se terminant par -iarv, -iarvi. Or, ces noms ont presque tous disparu. Uniquement au sud de Kapchozéro deux lacs aux noms purement vepses (Kiseliarvi et Ligoïarvi) ont survécu. Au fil du temps, la partie sémantique du nom est resté vepse mais la seconde racine du mot nouvellement formé était déjà en russe, comme dans Sarozéro, Ladvozéro. A l’ouest de l’ancien village de Sarozéro, un nom de lac en transition s’est conservé — la racine "lac" y sonne en russe et en vepse: Oïarvozéro. Ensuite, la première partie du mot s’accordait aussi au style russe, mais la structure du nom n’était toujours pas typiquement russe (Dolgozéro plutôt que le lac Dolgoïé, Chtchoukozéro plutôt que le lac Chtchoutchïé, Sénnozéro et non pas le lac Sénnoïé). Enfin, il y a eu des noms purement russes, mais il y en a peu dans le Parc: Ozerskoïé, Petchiovskoïé, Verkhnéé, Sennoïé, Médvejié (qui portait en 1847 un nom similaire vepse de Kondozéro), etc. Les noms russes changeaient également au fil du temps; il est souvent difficile d’identifier l’origine véritable de hydronyme — vepse ou russe. Ainsi, le lac Boltozéro sur la carte a été nommé Bolotozéro sur la carte du 1847, donc le lien avec le mot russe "boloto" (marais) semble plausible. Au fil du temps, la voyelle "o" dans la racine est disparue, et maintenant il y une nouvelle hypothèse que le nom remonte au vepse [balat] = boue, ce qui reflète le caractère des rives et du fond du lac.
On a une situation similaire avec les noms des petits cours d’eau. En vepse, un ruisseau est [oja]. Les plus anciens noms de ruisseaux (en vepse et en saami) sonnent comme Bemboïa, Routoïa. Les noms plus jeunes ont une première racine vepse se terminant par le mot russe "ruisseau": Kaskroutcheï, Sarroutcheï. Les noms de ruisseaux purement russes tels que le ruisseau Mélnitchny sont quasi-inexistants. Les noms des marais dans le Parc sont dominés par des formes russes: Voronié, Sénnoïé, Bolchoïé. Il y a des mots composés où le mot significatif principal et un mot vepse ou saami, tant que l’auxiliaire (marais) et en russe, par exemple Palboloto. Les adjectifs veps [so] = marais et [sokaz] = marécageux ne se produisent plus dans la toponymie. En général, les marais qui ont des noms sont beaucoup plus rares dans le Parc que les lacs et les ruisseaux avec des noms, donc ils ne donnent pas assez d’information pour étudier la toponymie. Les noms des rivières sont l’élément le plus ancien de l’hydronymie de cette terre, et le plus difficile à interpréter ; apparemment, beaucoup d’entre eux ont surgi bien avant que les Vepses ont investi ces régions.
Pendant plusieurs siècles, les Vepses vivaient à côté des Slaves, voilà pourquoi ils ont formé la tradition de construction unie avec les russes. Les bâtiments résidentiels et agricoles des Vepses sont semblables à ceux du nord de la Russie en ce qui concerne les techniques de construction et de planification. Les différences ne sont observées que dans la décoration des façades et des intérieurs, où les Vepses apportent leur couleur nationale.
Dans le Parc, les maisons étaient bâties depuis longtemps à partir de grumes de conifères, le sapin préféré par les Vepses comme matériau plus durable que le pin. Le principal outil de construction pendant de nombreux siècles était la hache, connu en Russie depuis le IXe siècle. Le bois de construction était récolté en hiver. On coupait généralement des arbres âgés de 70 ans pour en faire des grumes jusqu’à 5 ou 6 m de longueur, pour que les charpentiers pourraient les manipuler. Les grumes étaient transportées dans le village et empilées pour qu’elles sèchent. Au printemps, l’écorce était retirée, puis en dehors du site de construction on préparait les cages en plein bois en ajustant soigneusement les billes. Les billes dans les cages étaient marquées pas des encoches. Sur la grange en bois rond d’Ishévsky, de telles encoches se sont conservées: leur nombre est égal au numéro de séquence de la bille, et seulement pour le numéro 10 on utilisait une croix. Les cages en rondins restaient à sécher jusqu’en automne. À l’automne, les cages étaient démontées, transportées sur le site choisi pour la construction, et la future maison commençait à se rassembler.
À la fin du premier millénaire de notre ère, il y avait ici des maisons en rondins disposés horizontalement les uns sur les autres pour former des couronnements. Les couronnes ont été fixées dans les coins soit "en oblo" (lorsque les extrémités des billes font saillie de la surface du mur de 20 à 22 cm), soit "en patte" (sans résidu). La hutte vepse étaient d’abord "kournaïa", c.a.d. elle était chauffée sans cheminée, et bâtie sans sous-sol. Pour protéger les chambres des enneigements et des inondations par les eaux de fonte, à partir du milieu du XIXe, on a commencé à soulever les logements sur une cage supplémentaire, le sous-sol. Le sous-sol était normalement utilisé par les Vepses comme cellier. Au XIXe, comme partout dans le nord de la Russie, la maison Vepse était un manoir — un complexe de bâtiments résidentiels et utilitaires qui comprenait une maison sur sous-sol, une cour intérieure couverte de deux étages, des granges et des étables. Ces complexes avaient atteint les dimensions de 6×20 mètres et plus. Les bains qui restent encore dans certaines familles vepses sans cheminée nous rappellent la hutte enfumée bien répandue autrefois.
Une fois les couronnements rassemblés, les charpentiers ravalaient les murs; un dispositif spécial existait pour ravaler les coins de la hutte. Les coins étaient arrondis, cette coutume associée à une superstition commune que le diable vit dans les coins de la maison. Puis les fenêtres étaient coupées, les maisons planchéiées. Les cadres de fenêtres étaient simples et insérées hermétiquement, les maisons étant ventilées par la porte. Les planchers étaient faits d’épais rondins sciés en deux sur la longueur. Les plafonds étaient faits de billes de sapin taillées de 20 cm de diamètre. Les fentes entre les billes étaient scellées avec de la mousse naturelle. Dans les plafonds, on remplissait également des fentes par du sol pour isolation. Dans les granges de grains, on n’utilisait pas de mousse pour qu’elle n’abîme pas les céréales. Ces granges étaient coupées très soigneusement, en ovale plutôt qu’en cône. La grange d’Ishévsky dans le village de Bachmakovskaïa est faite de sorte que les billes sont bien serrées les unes contre les autres, sans fentes même quand les billes sèchent, alors le grain ne peut pas en sortir.
Les plus anciennes maisons vepses survécues ont la toiture dite samtsovaïa. Cela implique la construction des pignons de la maison comme une continuation directe des murs, les pignons faites de billes et fixés avec des pointes en bois. Ces billes sont appelés "samtsy" (mâles), et les pignons "samtsovyé". Le long des parois latérales, des aideaux sont placés sur les samtsy, l’aideau supérieur ("kniazévaïa", du prince) formant la crête du toit. Les aideaux dépassent de jusqu’à 1 m des pignons latéraux pour protéger les murs de la pluie. Pour soutenir le toit en surplomb, on utilise plusieurs billes supérieures de la cage principale. Trois ou quatre couronnes avant le sommet de la cage, on augmente progressivement la longueur des billes sur les côtés, chaque bille ultérieure étant suspendue au-dessus de la précédente, pour former une sorte de support pour soutenir la saillie du toit. On fixe des "kouritsy" poules) ou "kokory", crochets faits des sapins fins avec des racines, sur les aideaux. Ces crochets soutiennent les "potoki" (flux), rondins évidés comme des auges qui servent à évacuer les eaux pluviales. Les aideaux soutiennent la toiture proprement dite en paille ou en planches minces. Les extrémités inférieures des planches sont fixées dans les potoki, les extrémités supérieures sont serrées par okhlupén, une bille épaisse mise le côté évidé sur la crête du toit. On mettait normalement les planches minces en deux couches, avec parfois de l’écorce de bouleau pour étanchéité entre les deux. Sinon, on mettait les planches "espacées", c.a.d. on posait les planches inférieures le côté concave vers le haut décalées de 1 à 2 cm entre elles, et celles de la rangée supérieure le côté concave vers le bas en chevauchant les fentes de la rangée basse.
La paille était fixée sur les pentes avec des pôles, et en bas tout comme pour les planches. Les extrémités des aideaux étaient recouvertes de planches qu’on appelait pritchéliny. Le raccord de pritchéliny sur l’aideau du prince était couvert d’une planche verticale spéciale appelée serviette.
Une autre variante structurale de toiture, le toit sur chevrons, est apparu plus tard. On appelait les chevrons les billes fixées des deux côtés dans les couronnes supérieures de la cage ("podkourétnik").
Les familles paysans vepses étaient nombreux, et la maison typique vepse comportait deux huttes (une maison-écluse et une maison proprement dite), avec dépendances attenantes à la maison d’habitation perpendiculairement à former un T ou un L. Les familles rurales pauvres construisaient souvent leurs maisons dans une simple rangée avec les bâtiments résidentiels et utilitaires sur le même axe, formant un rectangle allongé dans le plan. Les parties résidentielle et utilitaire du bâtiment sont reliés par une écluse et couvertes par un toit à pignon sous une crête. Cette maison est connue depuis longtemps dans les régions du nord comme "brous".
Les clôtures vepses sont aussi intéressantes. Elles paraissent généralement à quelques kilomètres du village déjà, dans un but purement fonctionnel : enfermer les espaces pour le foin et le pâturage. Les villages vepses avaient des clôtures spéciales de pieux obliques appelées okolitsa "du" kol " = pieu. Cette clôture était souvent faite de fines sapins dont les troncs plantés dans le sol à un angle, parallèles l’une à l’autre. Celles-ci avaient été fixées des deux côtés par des montants appariés et attachées par de l’osier.
Près des maisons, il y avait un autre type de clôture, faite d’aideaux horizontaux plus longs et plus épais que ceux d’okolitsa.
La décoration des maisons vepses étaient modeste. Beaucoup de maisons étaient construites sans fioriture, et le décor de certains foyers relativement riches était simple.
Dans les arts décoratifs des Vepses, les produits les plus populaires avaient des images d’oiseaux et d’animaux.
Les motifs traditionnels de broderie des Vepses sont des petits chevaux à une ou deux têtes, des canards, des figures humaines. Ces éléments peuvent être trouvés dans la broderie sur les serviettes conservées.
Les Vepses utilisaient ces traditions de bois sculpté dans la fabrication d’ustensiles de cuisine évidés. Les poignées avaient souvent la forme de têtes de chevaux. Les louches étaient décorées de tête de cheval ou d’une image d’animal mythique, les poignées ressemblaient à une queue d’oiseau. Les Vepses étaient aussi habiles en la poterie et la forge. Ils décoraient sa vie également des objets en écorce de bouleau.
Les aliments de fête des Vepses sont plusieurs variétés de crêpes, des tartes, des kolobes, des kalitki ou des œufs brouillés. À Noël, on cuisait des pirguads — gâteaux de farine de froment frits dans l’huile bourrés de farine d’avoine ou de sucre. Pour les fêtes, on brassait une grande quantité de bière dans les villages vepses. La bière était habituellement préparée par toute la communauté du village dans des énormes cuves en bois. Elle était chauffée à des pierres chaudes, les femmes et les enfants les traînant près des cuves toute la nuit.
Les intéressés par la culture et la vie des Vepses ont la possibilité de visiter le Musée de culture et de vie des Vepses "La maison des Vepses".